Biographie

Depuis ses débuts et même aujourd’hui, à 68 ans, Yves Jacques mène parallèlement une carrière au Québec et en France, tant au cinéma qu'au théâtre.

Il a tourné dans six films du réalisateur québécois Denys Arcand, dont Le Déclin de l'empire américain, Jésus de Montréal et Les Invasions barbares, et plus récemment, Le Testament (2023) aux côtés de son ami Robert Lepage. Il a tourné dans sept films du cinéaste français Claude Miller. Il a aussi travaillé pour Xavier Dolan.

Il a joué en tournée mondiale, à partir de 2001, deux spectacles de Robert Lepage, La Face cachée de la Lune et Le Projet Andersen, dont il interprète seul les personnages. Par la suite, il a joué dans une multitude de pièces au théâtre, ici comme ailleurs en Europe.

Il considère que son personnage d'enseignant homosexuel dans Le Déclin de l'empire américain lui a permis d'assumer lui-même son homosexualité.

Le cinéaste Claude Miller, qui fit appel à lui pour plusieurs rôles au cinéma, a dit de lui : « Yves Jacques est l’un des plus grands acteurs du monde, c’est une grande vedette au Québec. (…) Sa culture d’acteur anglo-saxonne est merveilleuse, il est capable de passer du drame à la comédie avec un grand sens du rythme, de la musique. »

C’est d’abord comme chanteur du groupe québécois Slick and the Outlags, qui parodiait le rock and roll américain des années 50, qu’il s’est fait connaître, dans les années 70, pendant ses études en théâtre. Puis en 1981, avec la chanson « On ne peut pas tous être pauvres », il devient le premier réalisateur de vidéoclip indépendant au Québec.

À la suite de son coming out en 1997, il fait partie des gouverneurs de la Fondation Émergence pour la défense des droits LGBT et a été pendant deux ans porte-parole du Centre d'aide Gai Écoute.

Il a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture et de la Communication de France en février 2001, et Officier de l’Ordre du Canada depuis 2009, pour ses interprétations au théâtre, à la télévision et au cinéma, au Canada comme à l’étranger.

Yves Jacques

Yves Jacques, comédien

Depuis plusieurs années, sa présence dans de nombreuses productions, autant au théâtre qu’au cinéma ou à la télévision, en ont fait un enfant chéri des Québécois. Nommé comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Benoit McGinnis épate à chacune de ses performances. Artiste au profil plutôt discret, il se glisse facilement, tel un caméléon, dans la peau des personnages qu’il incarne.

C’est à Laval, où il est né en 1978 et où il a grandi, que le comédien Benoît McGinnis rêvait à son avenir, sur le terrain où passaient les lignes d’Hydro-Québec. Ado, Il découvre le jeu en regardant Avec un grand A de Janette Bertrand, une émission où de nombreux acteurs se fondaient dans des personnages dramatiques pour le grand public.

Depuis sa sortie de l’école nationale de théâtre, Benoit McGinnis a joué dans près d’une quarantaine de pièces sur les plus grandes scènes montréalaises. Ses rôles dans Des souris et des hommes (2018-2020), dans Being at Home with Claude (2014) et dans Caligula, (2012-2013) ont été particulièrement remarquables. Plus récemment, en 2024, c’est en incarnant le mathématicien homosexuel Alan Turing, que Benoît McGinnis a une fois de plus épaté la galerie. La machine Turing, avec un traitement bien différent que celui présenté au cinéma dans Le jeu de l’imitation, oscarisé en 2015, jette davantage la lumière sur l’homme, que sur sa science. Et c’est précisément cet angle de la proposition qui a attiré l’acteur.

Benoit McGinnis

Chanteur hors pair, Benoit McGinnis a prêté ses traits pour diverses productions musicales., dont Demain matin, Montréal m’attend (2017-2018). Toutefois, c’est sa prestation dans la peau de Hedwig, personnage culte du théâtre musical Hedwig et le pouce en furie, en 2023, qui nous dévoile un autre volet de son immense talent.

Benoit McGinnis  Benoit McGinnis

En plus de ses diverses participations dans des téléséries populaires, souvent dans des rôles misant sur sa sensibilité et sa fragilité, Benoit a touché au cinéma dans quelques films d’ici.

À l’animation télé, depuis 2021, il coanime le magazine culturel Retour vers la culture à Radio-Canada et ARTV, un rôle qui semble le rendre heureux et qui plaît bien aux téléspectateurs, qui sont touchés par son humanité et sa vaste culture.

Benoit McGinnis, comédien, acteur et chanteur

Gilles Provost, un comédien, metteur en scène et directeur artistique franco-ontarien, figure marquante du développement culturel dans la région d'Ottawa et de Gatineau, qui a dirigé plusieurs compagnies de théâtre, dont le Théâtre de l'Île de Gatineau de 1976 à 2008, est décédé le 23 juin dernier, à l’âge de 86 ans.

Né à Montcerf-Lytton, au Québec, le plus grand pionnier du théâtre francophone d’Ottawa-Gatineau s’est éteint paisiblement à l’hôpital, entouré de ses proches.

Gilles Provost a aussi été professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa, formant la prochaine génération de talents locaux. Son oeuvre lui a valu plusieurs distinctions, comme la médaille du Jubilé d’argent (1977) et du Jubilé d’or (2002) de la reine Élisabeth II et récipiendaire de l’Ordre de Gatineau en 2014.

Ceux qui l’ont connu et côtoyé affirment que c’était un homme toujours positif, gentil, chaleureux, qui avait un sens de l’humour formidable, qui avait gardé son sens de l’émerveillement et qui apportait beaucoup de bonheur à ses proches. Il aimait la vie et en a bien profité.

Outre son engagement profond dans la vie culturelle et théâtrale de la région, il s’est aussi engagé auprès de l’organisme communautaire Jeunesse Idem, créé en 1995, qui vise à améliorer la qualité de vie des jeunes de 7 à 35 ans gais, lesbiennes, bisexuel.les, trans et en questionnement, ainsi qu’à sensibiliser la population de la région de l'Outaouais face aux réalités de la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre.

Le directeur général de Jeunesse Idem, Erik Bisson, précise qu’il a collaboré avec M. Provost à quelques reprises en lien avec la culture et les jeunes de la communauté LGBTQ+. Ce dernier était généreux de son temps et a accepté de contribuer aux efforts déployés auprès de cette communauté dont il faisait également partie.

Provost Gatineau

Gilles Provost a laissé dans le deuil, outre quelques membres de sa famille et de nombreux amis, son conjoint de longue date Claude Jutras. En novembre 2017, à l’aube de ses 80 ans et coulant des jours heureux avec son compagnon dans sa maison patrimoniale du secteur Hull, Gilles Provost confiait en entrevue à Radio-Canada avoir été choyé par la vie. « Il y a des gens qui m'arrêtent dans la rue et me disent à quel point j'ai compté pour eux. Ce n'est pas tout le monde qui a cette chance ».

Provost Gatineau

Pour le milieu théâtral, Gilles Provost a été un chef de file de la renaissance du théâtre francophone sur les deux rives de l’Outaouais. Dès la fin des années cinquante, il est partout. Il fait ses débuts aux Dévots de la rampe, participe aux radiothéâtres à CKCH, co-dirige le Théâtre de la colline, prend de 1961 à 1964 la direction du Théâtre du Pont-Neuf au Grenier, au Motel-de-Ville et à la Caserne, avant d’abandonner sa carrière d’instituteur pour aller vivre de sa passion du théâtre à Montréal et en Angleterre. De retour à Ottawa en 1969, il assume la direction de l’Atelier d’Ottawa, puis anime les Jeunes-théâtre du CNA, co-fonde le Théâtre des lutins en 1971, participe à l’aventure du Bateau l’Escale amarré au quai de Hull, enseigne le jeu et la mise en scène à l’Université d’Ottawa, fonde la Compagnie Gilles-Provost en 1974 et invente en 1976 la merveilleuse idée du Théâtre de l’île qui deviendra sa demeure pendant plus de 32 ans.

Provost Gatineau

Il aura été comédien et metteur en scène dans d’innombrables productions théâtrales, directeur artistique, animateur et pédagogue. Gilles Provost était un artisan et passionné du théâtre.

En 2003, Manon Briand, la cinéaste originaire de Baie-Comeau, obtenait quatre nominations au Gala Québec Cinéma, dont celui du meilleur scénario, pour le chef d’œuvre « La Turbulences des fluides », tourné dans sa ville natale. Une décennie plus tard, elle remportait le Women in Film and Television Artistic Merit Award au festival de Vancouver, pour son long-métrage « Liverpool ».
Après son diplôme en Arts Plastiques, option cinéma à l'Université Concordia, Manon Briand complète sa formation par un stage d'écriture de scénario à Villeneuve-Lès-Avignon. En 1988 elle crée avec l'aide d'autres réalisateurs, " Les films de l'Autre " un collectif de cinéastes indépendants.
Manon Briand
En 1990, elle produit et met en scène Les Sauf Conduits qui remporte le Prix Claude-Jutra du Meilleur Espoir aux 10e Rendez-vous du cinéma québécois et le Prix du jury " Graine de Cinéphage "au Festival Films de Femmes de Créteil en 1992. Manon Briand y prend le pouls de sa génération de gais, lesbiennes, bisexuels urbains branchés – et mêmes des hétérosexuels – pour qui l’identité sexuelle est une affaire de cœur.

Elle écrit et réalise deux courts-métrages, Crois de Bois en 1992 et Picoti Picota en 1995 qui remportent, entre autres, le Prix de la Fondation Alexander S. Scotty pour le meilleur film traitant de la vieillesse et de la mort au festival international du court-métrage d'Oberhausen en 1996. En 1997, elle écrit et réalise un des segments du film collectif Cosmos, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 1997 et Lauréat du Prix International d'Art et Essai.
Manon Briand

Avec son premier long-métrage « 2 Secondes », la cinéaste propose un mélodrame habilement forgé, traitant d’une lesbienne, coureuse cycliste finie, qui s’épanouit comme courrier à vélo dans les rues usées de Montréal. Au début des années 2000, « Heart—The Marilyn Bell Story », une biographie télévisée en anglais au sujet de la nageuse marathonienne de Toronto, lui a permis de parfaire ses compétences comme réalisatrice, tout comme de pousser plus loin son intérêt pour les corps féminins, les défis athlétiques et l'ambiguïté sexuelle.

Wikipédia classe la Baie-Comoise dans la catégorie « Réalisatrices canadiennes dont l’œuvre est marquée par les thèmes LGBTQ ». Son nom est désormais accolé à une certaine nouvelle vague du cinéma québécois.

Manon Briand

Peu de gens au Québec ignorent cette femme bientôt centenaire. Elle a été et est encore bien souvent celle à qui on s’adresse, dans le monde des médias et dans l’espace public en général, pour discuter et venir témoigner d’une réalité qui nous échappe trop souvent dans cette vie trépidante qui se déroule à une vitesse folle.

On parle ici des relations entre les femmes et les hommes, entre les parents et les enfants, des relations familiales, des relations interculturelles dans notre société, des relations sexuelles et bien d’autres questions qu’elle a étudiées, analysées, questionnées, scénarisées et expliquées par le biais de ses écrits, de ses conférences, de ses téléromans, de ses chroniques à la radio, de ses téléséries dramatiques, de sa légendaire téléréalité autour d’une table où on s’adonnait à « Parler pour parler »… et combien d’autres encore, depuis plus de 60 ans.

Janette Bertrand est née dans le quartier Centre-Sud à Montréal, autour de l’endroit où se 
trouve aujourd’hui la station de métro Frontenac. Connue au début surtout comme  comédienne, elle est aussi une journaliste et écrivaine au long parcours. Ses études en lettres à  l'Université de Montréal lui ont permis de devenir journaliste en 1950, d’abord comme  chroniqueuse, ce qui la sensibilise aux revendications des féministes. 

Par la suite, elle devient animatrice à la radio pendant plusieurs années. Comme courriériste du coeur dans les années 1960, elle donnait déjà la parole aux sans voix, aux personnes qui se sentaient isolées, rejetées ou exclues en publiant telles quelles, et sans censure, les très émouvantes lettres qu’elles recevait, parmi lesquelles beaucoup de SOS d’hommes gais et de femmes lesbiennes à qui elle redonne courage et espoir en les incitant à s’accepter. À cette époque, rappelons-le, l’Église condamnait sans aucune nuance l’homosexualité, et la science la considérait comme une maladie mentale alors que la loi la punissait comme un crime.

À la même époque, elle fut la confidente des adolescents à Comment pourquoi?, où elle s'efforce de rassurer les jeunes et de répondre à leurs questions autant que le permet le contexte du début des années 60, c'est-à-dire en faisant totalement l'impasse sur les relations sexuelles.

Plus tard, de 1984 à 1994, avec l’émission « Parler pour parler » elle sera la première à inviter, en direct, à la télé, des hommes gais, des femmes lesbiennes, des personnes transgenres et des personnes bisexuelles à parler de leur vécu. La première aussi à donner la parole à des personnes atteintes du sida, à des victimes d’agressions sexuelles, à des travailleuses du sexe, à des personnes itinérantes, la liste complète de sujets alors très sensibles qu’elle a abordés serait longue.

Dans ses propres écrits, notamment ses scénarios joués à la télé « Avec un grand A » (1986 à 1996), elle fera aussi large place à la diversité sexuelle et de genre afin de défaire les préjugés et les tabous qui perdurent.
Janette Bertrand

En somme, comme éducatrice populaire à la sexualité, avant même que ce concept existe, Janette Bertrand fut des plus avant-gardistes et certainement parmi les plus grandes et des plus constantes alliées que la communauté LGBTQ+ a connues au cours de l’histoire du Québec. Janette Bertrand a contribué de façon notable au changement des mentalités au Québec pour l’acceptation des personnes LGBTQ+ en faisant en sorte que leurs réalités soient mieux connues.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, la Fondation Émergence a créé en 2019 le Prix Janette-Bertrand remis à une personnalité non-LGBTQ+ ou organisme non-LGBTQ+ qui a contribué de façon importante à la lutte contre l’homophobie et la transphobie par une action marquante particulière ou de manière répétée, par une implication continue.

En 2024, Janette n’a pas encore décidé du moment de sa « retraite ». Elle parle encore de projets et de nouvelles idées pour poursuivre son œuvre…

Source : La Fondation Émergence

« Une grande perte pour nos communauté » : voilà comment Pierre Pilotte, le coordonnateur des Archives gaies du Québec (AGQ), a commenté l’annonce du décès le 23 juin de John Banks, l’un des plus vieux militants et activistes de la cause LGBT à Montréal. « Son militantisme et son bénévolat indéfectibles pour plusieurs causes vont manquer à nos communautés », a-t-il poursuivi.

Dans un message transmis aux membres, il est précisé que s’il a été de toutes les premières luttes pour les droits et libertés de cette communauté, John Banks, « Grand ami des Archives gaies du Québec, il venait régulièrement y faire du bénévolat depuis plusieurs années ».
Très jeune il assume son homosexualité, mais surtout il décide de ne pas se taire, ni de se cacher. Ils n’étaient pas très nombreux à cette époque, loin de là. À l’origine des premiers organismes LGBT, John Banks sera de tous les combats, de toutes les luttes et ce, jusqu’à la fin.

« Toute sa vie, il se battra pour la reconnaissance des droits des personnes LGBT et ne se laissera jamais abattre par l’adversité. Il a toujours été fier de ce qu’il avait accompli mais sans s’en vanter. Homme modeste et réservé, il n’aimait pas faire étalage de ses exploits. Ainsi, c’est lui qui, en 1979, à son retour de Vancouver, lança la première marche de la Fierté au square Saint-Louis avec quelques dizaines d’amis et de militants pour souligner le 10e anniversaire des émeutes de Stonewall à New York », poursuit le communiqué de AGQ.

John Banks Photo par Danny Godbout
En 2019, alors qu’il en est le co-président d’honneur, Fierté Montréal crée en son honneur le prix John-Banks, qu’il est le premier à recevoir. Il était déjà récipiendaire de plusieurs prix, dont un prix Phénicia de la Chambre de commerce LGBT du Québec.
Né le 3 juillet 1943, il aurait fêté ses 81 ans cette année. La direction de AGQ prévoit organiser un événement à sa mémoire éventuellement.

L’éditeur et l’équipe des GuidesGQ s'unissent pour transmettre leurs vœux de sincères condoléances à la famille et aux proches de John Banks.

Photo principale : AGQ

Si l’Acadie a découvert la musique et les membres du groupe Écarlate dès 2021, alors qu’ils ont remporté cette année-là plusieurs prix lors de concours et de galas, dont celui du prestigieux Gala de la chanson de Caraquet, il en va autrement de Samuel LeBlanc, qui a été mis sous les feux de la rampe en 2023, grâce au film documentaire du cinéaste acadien Julien Cadieux, « Y’a une étoile ».

Écarlate est un groupe composé de Clémence Langlois, Daphnée McIntyre et Samuel LeBlanc, trois multi-instrumentistes de Moncton au Nouveau-Brunswick, qui présentent des ballades attendrissantes depuis plus de trois ans. En pleine pandémie, alors qu’ils sont tous trois âgés de 17 ans, le groupe remporte la 17e édition d’Accros de la chanson et la 52e édition du Gala de la chanson de Caraquet, ce qui propulsera leur carrière sur la scène des Maritimes.

 Écarlate 
« Leur musique haute en émotion, purement venue du cœur, cartographie leur passage de l’adolescence vers l’âge adulte et touche les cœurs de petits et grands. Leur monde nostalgique et leurs morceaux tantôt poignantes, tantôt plus humoristiques, sauront vous border à travers un arc-en-ciel d’émotions fortes », peut-on lire dans un média régional.

Maintenant à l’aube de la vingtaine et un bagage de plus à leur côté, le groupe se cristallise dans une esthétique de sons variés en goutant au folk, pop et country, dans l’authenticité, l’exploration et leur douce touche personnelle. Comme leur vécu, leur spectacle est une aventure, un voyage dans le temps et une rêverie du futur.

Justement, leur vécu, plus particulièrement celui de Samuel LeBlanc, jeune musicien transgenre, a retenu l’attention du cinéaste de Shediac pour la réalisation du film « Y'a une étoile ». Julien Cadieux a choisi de mettre en vedette les trois membres du groupe Écarlate, et particulièrement Samuel LeBlanc, autour de la chanson d’Angèle Arsenault qui porte ce titre.

Écarlate
Originaire de Sainte-Marie-de-Kent au Nouveau-Brunswick, Samuel LeBlanc s’est longtemps questionné sur son identité queer et son identité culturelle, l’amenant à chercher une réponse à la question : « L’Acadie queer, ça existe-tu ? ». C’est cet aspect de sa personnalité que le film met en lumière.

« Les paroles d'Angèle Arsenault font écho à un moment où le féminisme était très portant, la parole féministe était importante. Et les enjeux féministes sont les enjeux de la communauté queer. L'émancipation des femmes qu'on a pu commencer à voir dans les années 60, 70 et 80, sont les mêmes choses que les personnes trans peuvent vivre », explique le cinéaste, dont le film s’est mérité les honneurs en mai 2024 lors du Gala les Éloizes à Shediac.

« C'est vraiment quand j'ai fait la rencontre de Sam et d’Écarlate que ça a donné la bouffée de fraîcheur au film pour qu'il puisse prendre son envol », ajoute Julien Cadieux.

écarlate Julien Cadieux

Vignette-photo : Clémence Langlois, Samuel LeBlanc et Daphnée McIntyre du groupe Écarlate, avec le cinéaste Julien Cadieux (2e à partir de la droite), réalisateur du documentaire musical « Y'a une étoile ».


Samuel LeBlanc témoigne de la chance qu’il a eue, grâce au tournage du film, de rencontrer toutes ces personnes, de voyager un peu à travers l'Acadie et de rencontrer des gens qui vivent un peu les mêmes choses que lui, qui ont vécu une identité queer et une identité acadienne.

écarlate Julien Cadieux
Profitant de l’élan et de la visibilité qui leur ont été accordés depuis trois ans, le trio groupe Écarlate a lancé son tout premier EP de cinq chansons, « Fleur de peau » dans le cadre d’Acadie Rock 2023.

Samuel LeBlanc veut poursuivre sa passion de la musique. Il a plein de projets qu’il entend bien mettre de l’avant avec ses collègues d’Écarlate. En attendant, le groupe a un carnet de spectacles bien rempli d’ici la fin de l’année 2024.

Écarlate
facebook.com/ecarlatemusique
(506) 961-1888
[email protected]

Tôt un matin du début de mai, autour d’un café au Adorable Chocolat de Shediac, en Acadie, sa ville de résidence, Julien Cadieux accepte de livrer un pan de sa déjà vaste expérience de cinéaste, scénariste, réalisateur et monteur.

Cadieux
Rapidement, la question de l’inclusion surgit et devient presque le point central de cet entretien. Parce que pour lui, c’est ça qui le motive dans son œuvre de cinéaste : donner la parole et exposer le vécu de gens qui vivent des enjeux reliés à leur identité, à leurs origines, à leur sexualité, à leurs démêlés avec les institutions et organisations, à la justice sociale, entre autres.

 
Depuis 2008, après des études en cinéma à l’Université Concordia à Montréal, il a enfilé les projets et les réalisations, dont certaines ont été primées et ont connu un vif succès auprès d’une diversité de communautés. « Le cinéma en Acadie a un réel impact dans la communauté. Il faut que les gens se voient dans le cinéma. C’est ce qui m’anime d’abord dans mes productions », assure-t-il.

Cadieux
Il a personnellement scénarisé, fait le montage et réalisé une douzaine de productions, la plupart reliées à des sujets acadiens, dont les plus connus sont Y’a une étoile (2023), Daniel Le Tisserand (2023), Farlaques (2021), Métisser une rivière (2020). Au Québec, son documentaire Guilda : elle est bien dans ma peau (2014) sur ce célèbre artiste transformiste montréalais, d’origine française, véritable précurseur de la diversité sexuelle pendant une soixante d’années.

 
Plusieurs de ces films ont été primés lors de festivals de cinéma ici ou ailleurs, au Québec, au Canada et même en France et aux États-Unis. C’est particulièrement ses films à thématique queer qui connaissent une plus importante visibilité et reconnaissance. Justement parce qu’ils donnent la parole ou mettent en lumière des situations particulières reliées à des membres des diverses communautés LGBT.
Julien Cadieux a aussi contribué au montage et à la scénarisation d’une vingtaine d’autres productions en cinéma ou vidéo depuis 2006.

Cadieux Avec Dan Robichaud,, du film Daniel Le Tisserand


Y a-t-il une vie queer en dehors des grandes villes ? À cette question, Julien Cadieux répond que c’est possible, mais que diverses contraintes peuvent décourager ceux et celles qui souhaiteraient poursuivre leur vie en milieu rural, par exemple en Acadie, où les services de santé adaptés aux clientèles LGBT sont presque inexistants. Plusieurs choisissent donc de quitter les régions pour aller vivre en milieu urbain, comme à Moncton, même si tout n’y est pas facile d’accès. C’est ce genre de problématique qu’il aborde et traite dans plusieurs de ses documentaires.


La question de l’inclusion l’intéresse particulièrement. C’est dans ce contexte qu’il entreprend sous peu un film portant sur un projet d’immigration dans la région de Cap-Pelé où de nombreux travailleurs étrangers temporaires provenant du Mexique, de la Jamaïque et des Philippines, entre autres, sont confrontés à des situations difficiles d’inclusion. Le cas de personnes LGBT parmi elles est aussi préoccupante, selon Julien Cadieux.

Cadieux 
Dans son film « Y’a une étoile », on rencontre Samuel Leblanc, jeune musicien transgenre, qui entreprend un voyage avec ses amis du groupe Écarlate à travers l’œuvre de l’artiste acadienne Angèle Arseneault. Originaire d’un petit village, Samuel s’est longtemps questionné sur son identité queer et son identité culturelle. On y découvre par sa double minorité et le parcours de jeunes comme lui, le constat que malgré les embuches, « il y a une étoile pour chacun de nous ».


Ce film constitue une évocation très franche de ce que Julien Cadieux souhaite démontrer et présenter dans son cinéma documentaire, en lien avec l’Acadie, l’identité queer, la réalité des arts qui le passionnent et des rencontres humaines qu’il fait tout au long de son parcours.

Soulignons que Julien Cadieux a été nommé « artiste de l'année en arts médiatiques », justement pour le film Y'a une étoile lors de la soirée Les Éloizes 2024, le gala annuel de l'Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick, à Shediac le dimanche 12 mai dernier.

Cadieux Cadieux

Julien Cadieux, cinéaste
Shediac, NB
facebook.com/julien.cadieux

Poète de la jeunesse et de l’urbanité selon plusieurs, le 30 mai 2005, l’artiste Gérald Leblanc succombait à une longue lutte contre le cancer. Il avait 59 ans. Originaire de Bouctouche, il aura influencé la vie culturelle acadienne de multiples façons.


L’Acadie a perdu alors l’un de ses plus illustres poètes, pour qui la recherche de ses racines personnelles servait de tremplin à une voix foncièrement acadienne. Son langage poétique est celui du « chiac », ce parler du sud-est du Nouveau-Brunswick dont Leblanc est le champion incontesté. Sa voix poétique, riche et abondante, s’affirme fièrement sans aucune recherche de validation extérieure.

 
Éloge du chiac Gérald Leblanc
Auteur d’une anthologie de poésie acadienne, il stimule d’autres voix. Sa poésie pose la question suivante : « Qu’est-ce que l’identité acadienne ? » Son œuvre littéraire est immense. Les thèmes y sont multiples. En 1986, l'auteur célèbre l'absolu de l'amour dans Lieux transitoires et il en profite pour affirmer son homosexualité.

Lieux Transitoires Gérald Leblanc

Il dirige les Éditions Perce-Neige à Moncton, une maison d'édition qui se consacre à la nouvelle littérature acadienne de 1991 à sa mort. Au cours de cette période, il organise de nombreuses soirées et rencontres littéraires. Il a également été l’un des principaux paroliers du groupe 1755, qui a fait fureur dans les années 70. On lui doit quelques classiques de la chanson acadienne, dont certains seront  repris par Marie-Jo Thériault.

Cet homme de lettres prolifique et engagé s’est aussi livré à quelques reprises sur ce qui l’a inspiré et aussi choqué. Dans une longue correspondance (Lettres à mon ami américain 1967-2003) entretenue avec son cousin Joseph Olivier Roy, un enseignant américain originaire de l’Acadie, 161 lettres écrites pendant 36 ans, il partage son intérêt pour la littérature et son évolution personnelle en parallèle à celle de l'Acadie au fil des ans.


Il y aborde d’ailleurs des éléments qui en disent long sur sa personnalité : « Des alcooliques, des putains, des fanatiques religieux, des homosexuels, etc. J’ai du sang très, très vicieux qui me coule dans les veines, j’ai une hérédité chargée de passion, de haine, de débauche et de péché (remarque que je ne dis pas AMOUR, enfin drôle de race). »


Leblanc affirme qu’il a « toujours aimé écrire des lettres » et que Roy n’est qu’un parmi ses nombreux correspondants d’alors : « […] une quinzaine de personnes, une dizaine de ‘Gay boys’, une lesbienne, quelques autres de ces êtres ‘normaux’ depuis les dix dernières années, si on collectionnait [sic] toute ma correspondance, il y aurait de quoi remplir 2 000 tomes au moins ».


L’extrême frontière, long métrage documentaire de Rodrigue Jean (2006) à l’ONF célèbre le poète Gérald Leblanc. Faisant rimer errance et appartenance, cet enfant de la Beat Generation a vécu loin de tous les tabous et propulsé l'Acadie dans la modernité. Le film est sorti un  an après le décès du poète.

En 2020, à l'initiative de deux professeurs de l'université, la Ville de Moncton inaugurait un parc qui porte désormais son nom juste devant l'hôtel de ville.

Parc Gérald-Leblanc Moncton

CELINE-DION-FEATURECéline Dion est certainement la québécoise la plus connue à travers le monde. La p’tite fille de Charlemagne, petite ville de Lanaudière, a chanté pour la première fois en public ici dans le resto-bar de son père Le Vieux Baril. Sa vie aura été bien différente de la Céline du chanteur français Hugues Aufray à qui elle doit son nom. La cadette de quatorze enfants aura eu la carrière la plus extraordinaire qui soit. Une carrière qui aura débuté par la chanson composée pour elle par sa mère Ce n’était qu’un rêve, mais son rêve de devenir chanteuse s’est réalisé de la manière la plus merveilleuse qui soit. Elle fait aujourd’hui partie avec plus de 230 millions d’albums vendus dans le monde de la courte liste des cinq chanteuses les plus populaires de tous les temps.

Après des débuts plutôt conservateurs avec un premier album intitulé La voix du bon Dieu et comme premier succès la chanson Une colombe interprété au Stade Olympique de Montréal lors de la visite du pape Jean-Paul II, Céline Dion amorce un virage après son premier grand succès Incognito en 1988.

Mais c’est en 1991, il y aura 25 ans cette année, avec son premier grand succès international francophone l’album Dion chante Plamondon qu’elle devient une icône dans la communauté gaie alors qu’elle reprend le succès de Starmania Un garçon pas comme les autres et qu’elle interprète pour la première fois L’amour existe encore en plein épidémie du sida. Elle consolide son rôle d’icône en n’hésitant pas au fil des ans à s’associer à des festivités de la fierté gaie et à sortir de sa réserve sur les enjeux politiques pour se prononcer en faveur du mariage gai et de l’adoption par les couples gais et lesbiens.

Son succès L’amour existe encore prend un sens tout personnel quand elle résonne en 2016 aux funérailles nationales de son mari et gérant René Angélil, décédé du cancer, dans la même église Notre-Dame de Montréal où elle s’était marié vingt-et-un ans plus tôt.

La modeste maison d’enfance de Céline Dion où elle a appris en famille à chanter, au 130, rue Notre-Dame à Charlemagne, qui avait été transformé en commerce avant d’être rachetée par la famille, a fait place en 2015 à une nouvelle bâtisse qui loge notamment la Fondation Maman Dion. En juillet et août 2016, la tournée qui suivra la parution d’un nouvel album francophone l’amènera au Québec pour le plus grand plaisir de ses fans.