Afin de mieux comprendre les expériences individuelles des personnes résidantes du Village et de celles qui le fréquentent, l’Association citoyenne du Village de Montréal (ACVMtl) les a invitées à répondre à un sondage sur le sentiment de sécurité dans le quartier.
85% des personnes qui adhèrent à l’ACVMtl, indiquent que l'une des raisons qui les motivent à adhérer à l’association est la question de la sécurité. Cette préoccupation était déjà ressortie comme prioritaire lors des consultations en préparation du Forum du Village à l’été 2022.
Les résultats du sondage réalisé en ligne en août et septembre 2024 sont rendus publics aujourd’hui. Il appert que la situation est loin de s’être améliorée au cours des dernières années selon les réponses obtenues auprès de 718 personnes répondantes. Et ce même après un an de mise en œuvre de la Stratégie d'action collective pour le Village annoncée par la mairesse en juin 2023. L'intervention concentrée durant l'été sur la rue Ste-Catherine piétonnisée semble plutôt avoir eu pour effet de déplacer la criminalité vers les rues transversales et les petits parcs à proximité.
‘’Il est important de bien comprendre que l’objectif poursuivi par ce sondage n’est pas de dire que le Village est dangereux et qu’il ne faut pas le fréquenter, explique Sylvain Côté, président de l’ACVMtl. Au contraire, nous pensons qu’en regardant les problèmes en face, nous serons en mesure d’identifier les principales problématiques qui créent ce sentiment répandu d’insécurité et les actions qui doivent être priorisées.’’
Les réponses ont été sollicitées par le biais d’envois aux membres de l’ACVMtl et par des publications sur diverses plateformes de réseaux sociaux, ainsi que lors de la distribution de prospectus de porte à porte, dans les rues, les parcs et devant certains commerces du Village.
Dès le départ, les personnes répondantes interrogées à propos de leur perception de la qualité de vie dans le Village sont catégoriques : 478 (66,5 %) la considèrent mauvaise ou très mauvaise.
À la question sur leur perception du sentiment de sécurité dans le Village, 490 personnes (68,2 %) ont répondu qu’elles le trouvaient peu ou pas du tout sécuritaire. Par ailleurs, l’impact de la tenue d’activités, d’animations ou de spectacles dans le Village sur le sentiment de sécurité est estimé très positif et positif pour 582 répondantes (81 %).
Si une majorité, soit 66%, affirme éviter certains endroits du Village à certaines occasions, ce sont certains parcs du quartier plus que d’autres que les personnes répondantes ont identifiés comme étant moins sécuritaires : Serge-Garant (Métro Beaudry) (72,8%), Place Émilie-Gamelin (65,6%), Place du Village (50,1%), Place Emmett-Johns (48,7%), Charles-S. Campbell (41,5%), des Faubourgs (20,5%).
Certains secteurs des rues Sainte-Catherine et Ontario principalement ont aussi été identifiés comme moins sécuritaires. C’est sans contredit le secteur de la rue Sainte-Catherine entre les rues Berri et Atateken où un plus grand nombre de personnes répondantes, soit 77,2%, disent ressentir le plus grand sentiment d’insécurité, suivi par le secteur de la même rue entre les rues Alexandre-de-Sève et Papineau où 49% des personnes répondantes disent ressentir un sentiment d’insécurité.
Pour mesurer les impacts sur la sécurité ressentie de certaines situations ou réalités du Village, on en a énuméré quelques-uns. La présence d’intervenants communautaires sur le terrain semble sécuriser davantage (65,7 %), mais un certain nombre (23,8%) n'y voit aucun impact ou encore un impact négatif ou très négatif (3%). Celle de policiers et policières (71,4 %) semble être une source importante de sentiment de sécurité, même si encore une fois certaines personnes n’y voient aucun impact (15%) ou même un impact négatif ou très négatif (5%). Les interventions policières menées par exemple auprès des personnes intoxiquées ou violentes ou des groupes criminalisés se font rassurantes pour une forte majorité (64,7 %), alors que d’autres (15 %) n’y voient aucun impact ou un impact négatif ou très négatif (15,7%)."
Il ressort du sondage que la cohabitation avec les personnes ayant consommé des substances illicites représente un sentiment plus grand d’insécurité (74,7%) par rapport à la cohabitation avec les personnes ayant des problèmes de santé mentale (69,1%) ou avec les personnes en situation d’itinérance (61,6%).
«À travers nos rencontres avec la population du Village, il en ressort que la consommation de drogues dures s’accompagne de la présence de vendeurs, gangs de rue, etc., ce qui nous porte à croire que la combinaison de ces facteurs représente une part importante de la perception de la population en matière de sécurité » indique Alain Hébert, responsable du Comité Sécurité.
Enfin, l’ACVMtl demandait aux répondantes qui le souhaitaient de suggérer des solutions ou des moyens pour corriger la situation et améliorer la qualité de vie et le sentiment de sécurité, suggestions qui pourront être transmises aux décideurs et aux intervenants concernés. 606 personnes ont pris la peine de rédiger des souhaits ou des recommandations.
« Il en ressort un message fort : les différents paliers de gouvernements devront travailler ensemble rapidement afin de faire bouger la situation qui a atteint un seuil critique dans le Village.’’ conclut Sylvain Côté.
Profil des personnes répondantes
68,4% se sont identifiées comme des hommes, 25,9% comme des femmes, 3,1% non-binaires et 2,6% autres ou préférant ne pas répondre. Parmi ces personnes, 1,8% indiquent être trans et 2,8% ont préféré ne pas répondre à cette question.
54% se sont identifiées comme hommes gais, 25,6% hétérosexuelles, 4,9% bisexuelles, 2,8% pansexuelles, 2,6% queers, 2,2% lesbiennes, 0,6% comme asexuelles, 0,3% autre et 7% ont préféré ne pas répondre.
Les personnes répondantes avaient entre 18 et 79 ans et 71,7% avait entre 30 et 59 ans. 68,5% ont affirmé résider sur le territoire couvert par l’ACVMtl.