Originaire d’une famille installée sur la Côte-nord depuis plusieurs générations, Johanne Roussy se définit comme sculpteure sociale. Elle aborde sa pratique artistique de façon socialement engagée et multidisciplinaire. Avec à son CV une vingtaine d’expositions à travers le Québec et en Afrique du Sud, elle s’intéressera, tout au long de sa pratique, à l’implication de l’humain au sein de ses œuvres et prendra une direction résolument sociale, politique et post-coloniale après un voyage en Afrique du Sud (2000) où elle rencontrera plusieurs groupes d’artistes militants pour les droits de la personne. L’amour, dans son sens neurologique et endocrinien, devient alors son intentionnalité première dans l’élaboration de ses scénarios d’art-action. Dès son retour de voyage, elle reviendra s’implanter dans sa ville natale, Sept-Îles, et fondera l’Atelier de la 8e île, un concept culturel autonome et autofinancé ayant comme mandat de recevoir des artistes en résidence de création ainsi que le partage des savoirs faires.
Pour l’artiste sept-îlienne, le concept de la 8e île est l’œuvre d’une vie. Dans une volonté de créer des ponts entre les peuples, leurs savoir-faire et les artistes de tous les horizons, elle développe ce lieu de recherche, création, production, diffusion et médiations culturelle en arts multidisciplinaire dans une ancienne église biconfessionnelle catholique et protestante d'une base radar désaffectée de l'armée canadienne sur la Pointe de Moisie.
La sélection des artistes se fait sur invitation et ces derniers ont accès à des équipements de travail du bois, du métal et bientôt de la céramique. Des espaces pour le logement sont aussi offerts à prix modiques, afin d’offrir une bulle de création plus efficace pour des artistes en individuel ou en collectif. Pour faire une place plus grande aux arts vivants, son équipe est en train de transformer la partie catholique en salle multi, qui permettra de recevoir des spectacles, des groupes de travail ainsi que les projets de la communauté.