Sylvain Rivière : devoir de mémoire pour l’artiste gaspésienne Suzanne Guité
Sylvain Rivière. Sur le site web des Libraires.ca, on compte 120 titres d’ouvrages qu’il a signés ou co-signés depuis 1981. Son plus récent, l’histoire rocambolesque de la sculptrice, muraliste, peintre et tapissière gaspésienne de réputation internationale, Suzanne Guité, co-fondatrice du Centre d’art de Percé, qui a connu une fin tragique au Mexique en 1981, à l’âge de 55 ans. Surtout connue pour ses sculptures, elle a également troqué ses outils pour le pinceau pour se prêter à la peinture et à l'aquarelle.
L'auteur Sylvain Rivière
Dans « De la montagne à la mer – Suzanne Guité – Entre l’arbre et la pierre », l’auteur gaspésien, qui est né à Carleton, mais habite Maria, exprime dans un texte vibrant et rempli d’humanité et de respect, la complexité du personnage en même temps que l’immensité de son talent et la richesse de son oeuvre. Écrivain, poète et journaliste de formation, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Il a reçu, au cours de sa carrière s’étalant sur plus de quatre décennies, de nombreux prix et distinctions.
Sylvain Rivière a entrepris de retracer l’univers de cette artiste, à la suggestion de l’une des filles de Suzanne Guité et d’Alberto Tommi (son mari italien), Marie-Josée Tommi, elle aussi artiste basée à Percé. Que ce soit avec les hommes de sa vie, avec ses enfants ou avec différents artistes et nombreuses personnalités d’ici ou d’ailleurs, Suzanne Guité a entretenu de vibrantes correspondances soutenues tout au long de sa carrière et de sa vie.
Sylvain Rivière avec la fille de Suzanne Guité, Marie-Josée Tommi. (Photo : Radio-Canada)
Lors de notre rencontre avec Sylvain Rivière par un bel avant-midi ensoleillé d’octobre, sur la terrasse de sa maison de Maria, il a suffi d’une question de notre part pour que s’active ce conteur invétéré et passionné. On sent d’entrée de jeu son attachement profond pour cette femme qui a marqué l’imaginaire gaspésien, bien entendu, mais aussi celui de nombreuses personnes du monde des arts, en Europe, au Québec, au Mexique et partout où elle s’est manifestée pendant sa carrière. En plus de receler la correspondance personnelle de Suzanne Guité, le livre contient aussi des lettres professionnelles et de nombreuses photographies.
Cette correspondance gigantesque qui sert d’appui à cet ouvrage de 485 pages publié en juin 2024, Sylvain Rivière s’y est plongé, une manière pour lui de lever le voile sur l’artiste et l’être humain qu’était Suzanne Guité. Il raconte comment il l’avait rencontré alors qu’il n’avait que 16 ans, au Centre d’art de Gaspé où il s’était rendu lors d’une prestation du grand Raymond Lévesque, pour assouvir son désir de monter sur les planches et présenter sa poésie et ses chansons.
Elle lui a offert sa chance peu de temps plus tard en première partie d’un artiste et ce fut le début d’une belle aventure pour lui. Au fil des années, il s’était également lié d’amitié avec sa fille, Marie-Josée. Dans une entrevue à Radio-Canada lors du lancement du livre, Sylvain Rivière déclarait que « L’idée est de ramener cette personne-là dans la vie d’aujourd’hui avec tout ce qu’elle nous a donné pour ne pas qu’on l’oublie et surtout pour que l’on comprenne finalement toute la richesse de cette œuvre et la mettre en valeur ».
Le couple Tommi-Guité au Centre d'art de Percé
Le fil du récit mène inévitablement à la fin de vie tragique de Suzanne Guité, assassinée dans son atelier près d’Oaxaca, au Mexique, en 1981, à l’âge de 54 ans. Son mari italien est décédé à Percé en 1959, à l’âge de 42 ans, à peine 11 ans après leur mariage. Des décès prématurés dans les deux cas, alors que la richesse de leur art avait commencé à avoir un impact important dans la sphère artistique un peu partout dans le monde.
Un héritage culturel important pour la Gaspésie
Fait à signaler, l’œuvre de Suzanne Guité sera protégée et mise en valeur alors que le Musée de la Gaspésie a annoncé son acquisition d’œuvres et du fonds d’archives de la famille Tommi-Guité l’an dernier.
« Ce qui n’a pas été séparé entre les héritiers et les héritières est demeuré au musée et on est très heureux, parce qu’on va pouvoir en faire le traitement, la diffusion et particulièrement faire connaître Suzanne Guité », explique le directeur général du Musée de la Gaspésie, Martin Roussy. La famille Tommi-Guité lègue donc au musée 450 œuvres, dont des sculptures, des dessins et des aquarelles.
À cela s’ajoutent les archives de cette famille qu’accumule le Musée de la Gaspésie depuis la fin des années 80, comme des milliers de photos ainsi que de nombreux écrits.
De la montagne à la mer – Suzanne Guité – Entre l’arbre et la pierre
Sylvain Rivière, auteur
Éditions Du Tullinois