Le départ d'un géant d'ici, unique et international
Par Pierre Perreault
La nouvelle de son décès, le 20 février 2023, a ébranlé le milieu des arts, au Canada et ailleurs dans le monde, ainsi que et surtout la communauté acadienne de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, qui l’a vu naître.
Pas plus tard qu’en juillet 2022, on lui rendait un vibrant hommage, en sa présence, lors de l’ouverture des célébrations de Fierté Acadie Love, avec le lancement en avant-première d’un film documentaire sur sa carrière, en plus d’une exposition de certaines de ses œuvres, la 57e exposition solo de cet artiste, en collaboration avec la Galerie Bernard-Jean et le Festival acadien.
Nous y étions présents et avons pu « savourer » un grand moment en même temps qu’une centaine d’autres personnes.
On y a présenté en avant-première le film documentaire de la cinéaste Caraquetoise, Renée Blanchar, « Lettre d’amour à Léopold L. Foulem » sur lequel elle a travaillé pendant sept ans, tourné en grande partie dans la maison de l’artiste. Renée, aussi originaire de Caraquet, considère Léopold comme une source d’inspiration et lui dédie ce film d’autrice. On voit Léopold avec sa sœur, sa fée comme il l’appelle, son conjoint et quelques bons amis. Plusieurs photos d’archives y sont aussi présentées. Le film pourra être vu à Montréal en mars.
Léopold L. Foulem est un céramiste de renommée internationale. Il a exposé dans plusieurs pays et ses œuvres font partie d’importantes collections publiques et privées. « La céramique, on a de la difficulté à comprendre que ça peut être de l'art », expliquait d'ailleurs en 2016 Léopold Foulem au Musée national des beaux-arts du Québec. La façon d'y arriver, disait l'artiste, était de transformer l'objet en abstraction, en niant sa fonction.
Foulem applique à la céramique les idées du ready-made, du kitsch et du pop art dans un esprit d'humour et de provocation. Il favorise la céramique comme forme d'expression artistique entière et autonome.
Ouvertement homosexuel, marié, à travers une carrière d’une cinquantaine d’années, Léopold Foulem a été un des artistes parmi les plus uniques qu'on ait jamais vus au Nouveau-Brunswick, explique John Leroux, le commissaire aux arts visuels du Musée des beaux-arts Beaverbrook, à Fredericton. Il décrit Léopold Foulem comme un homme généreux et facile d'approche, qui adorait avoir des discussions sur l'art. « On parlait de la culture queer, du kitsch, aussi de l'histoire technique et formelle de la céramique, comme toutes les différentes facettes des milliers d'années de la céramique. »
Le professeur d'art impressionnait aussi par ses vastes connaissances. C'était une encyclopédie ambulante, Léopold. Il savait tout, témoigne sa soeur, Marie-Paule Foulem. Même s’il vivait à Montréal depuis cinquante ans, durant la période estivale, l’artiste revenait à Caraquet, sa ville natale, où il se cloîtrait dans sa résidence/atelier — littéralement un espace poétique en marge du temps — afin de créer une production artistique à la fois provocante et raffinée.
Foulem obtient une maîtrise en arts visuels de l'Université d'État de l'Indiana en 1988.
Il enseigne durant vingt ans la céramique au Cégep du Vieux Montréal, et pendant quelques années aussi au Cégep de Saint-Laurent.
Il est l'objet de 36 expositions solo et de plus de 225 expositions de groupe depuis 1969, au Canada, en Corée du Sud, au Danemark, aux États-Unis, en France, en Italie, au Japon, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et à Taïwan. En 2014, le Musée national des beaux-arts du Québec organise une rétrospective de l'artiste intitulée : Léopold L. Foulem. Singularités.
On lui a décerné plusieurs prix et il fut fait membre de l’ordre du Canada.
Le président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Alexandre Cédric Doucet a rendu hommage à une sommité dans la céramique conceptuelle et a remercié Léopold Foulem pour sa contribution à l'épanouissement et à la promotion de l'Acadie partout dans le monde.