Vers la fin des années 1980, une infirmière de Rouyn-Noranda qui intervenait en traitement des maladies infectieuses, Pauline Clermont, a constaté qu’il y avait un besoin évident de services en lien avec le VIH. Elle a donc élaboré une stratégie avec des travailleurs de rue et contribué à la mise en place d’une clinique de dépistage du VIH en soirée pour les diverses clientèles concernées.
Elle a également senti le besoin de venir en aide à la clientèle LGBT+. Les outils de prévention étaient rares et la concertation régionale du réseau en la matière inexistante. C’est ainsi qu’en 1990, un groupe de 150 personnes LGBT+ se sont réunies à Rouyn-Noranda pour discuter de ces enjeux. On a établi qu’on devait prévoir des services de vaccination et de formation, en plus du dépistage du VIH.
L'infirmière Pauline Clermont, initiatrice de la Coalition, en 2005.
Au cours des mois qui ont suivi, les bases de la Coalition LGBT ont été mises en place et un budget de la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue a permis sa création. Même si l’Agence régionale de Santé et Services Sociaux a manifesté une résistance au début, les efforts et les interventions de Pauline Clermont et de ses supporteurs ont fini par avoir raison des récalcitrants et des fonds ont été débloqués pour que la Coalition puisse organiser ses services.
Aujourd’hui, l’infirmière Pauline Clermont a pris sa retraite, mais elle demeure à l’affut et apporte son soutien à l’occasion. Elle-même la mère d’un garçon membre de la communauté LGBT+, elle est fière d’avoir pu contribuer à l’épanouissement de nombreuses personnes vivant avec cette réalité dans la région. « On a besoin de gestes de gens leaders pour renforcer le message d'accueil. Je pense que de plus en plus on réussit, mais on doit demeurer vigilants », affirmait-elle en entrevue à Radio-Canada il y a quelques années.
C’est en 2003 que l’idée d’agir ensemble a fait consensus autant chez les personnes de la diversité sexuelle que chez les intervenant.es, d’où la tenue d’une journée d’échanges initiée par la Santé publique. Une journée riche et concluante où il est convenu à l’unanimité que créer une coalition selon un modèle adapté aux réalités de l’Abitibi-Témiscamingue, en considérant les ressources et forces des milieux, est essentiel.
À ses débuts, la Coalition était composée de personnes provenant de treize organismes et quatre membres de la communauté LGBT. Toutes ces personnes ont contribué au rayonnement et à la réussite des projets développés par la Coalition. Sans leur participation, la Coalition d’aide à la diversité sexuelle de l’Abitibi-Témiscamingue n’aurait jamais vu le jour en novembre 2004. La même année, un premier projet subventionné par Santé des communautés rurales au Canada permet d’embaucher une première agente de projet.
Depuis 2004, six colloques régionaux, aux sujets percutants, ont réuni des centaines d’intervenant.es, des personnes LGBTQ+ et leur famille, ainsi que la population en général de la région et d’ailleurs en province. On a aussi organisé un salon santé, bien-être diversité. Si ces évènements témoignent des actions et des préoccupations de la Coalition au fil des années, ils ont aussi généré de nouvelles actions sur le terrain.
La directrice générale de la Coalition depuis juin 2024, Julie Fortier, se réjouit que la pandémie de COVID soit derrière nous et qu’on puisse réactiver les liens avec les autres organismes de la région, quoique certains n’aient pas survécu. « Depuis 20 ans, la Coalition œuvre pour l’inclusion des personnes de la diversité sexuelle et de genre. Officiellement, notre mission est d’améliorer les conditions de vie et de santé des personnes LGBTQIA+ ». Un objectif ambitieux qui se traduit par des actions concrètes : ateliers en milieu scolaire, formations auprès d’autres organismes communautaires et événements sociaux pour rassembler la communauté et leurs allié.e.s.
Julie Fortier, directrice générale de la Coalition
Par contre, elle mentionne la création récente de Cœur de Queer, un comité crée par et pour la communauté queer de Rouyn-Noranda. Son mandat est de briser l'isolement, de penser et d'organiser des activités dans des « safe spaces », et de permettre à la communauté de se rassembler. Cœur de Queer intervient aussi dans d’autres villes « orphelines », comme à LaSarre.
Fait à souligner, les personnes trans bénéficient maintenant de services et d’accompagnements spécifiques dans la région et la Coalition travaille toujours à la pleine reconnaissance des droits des personnes trans, constatant qu’il reste encore beaucoup à accomplir. « Nous établissons des partenariats avec les milieux communautaires, de l’éducation et de la santé afin d’outiller les professionnels pour améliorer l’offre de services ».
« Si quelqu’un a une idée de projet pour rassembler la communauté, on est là pour l’accompagner, lancer des appels, faire la promotion. On veut vraiment créer un lieu où les initiatives communautaires peuvent s’épanouir », assure Julie Fortier.
Pour sa part, la fondatrice de la Coalition maintenant retraitée, Pauline Clermont est d’avis que pour l’avenir, il faudra poursuivre la sensibilisation des divers dirigeants d’organisations de la région, de lutter encore mieux à la discrimination sous toutes ses formes et mettre en place un plan d’action régional de mobilisation contre la haine, l’intimidation et l’homophobie-transphobie.
Coalition d'aide à la diversité sexuelle de l'A-T
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