Un attrait touristique dès 1929
Au XIXe siècle, les vacanciers allaient en Gaspésie, mais les touristes se faisaient rares. C’était difficile de s’y rendre, et pire encore, de s’y déplacer.
Les villages le long de la côte n’étaient accessibles que par bateau. La route reliait une poignée de villages, mais la plupart restaient isolés. Et là où passait une route, elle était souvent érodée, parfois impraticable ou même carrément dangereuse, en raison des fissures et crevasses majeures et des ornières nombreuses. Dans bon nombre de secteurs, il n’y avait tout simplement pas de route.
Par ailleurs, des visiteurs de plus en plus nombreux s’y rendaient pour découvrir les attraits naturels de ce coin de pays ; toutefois le tourisme n’y était nullement organisé. Le changement est arrivé avec les bateaux à vapeur qui assuraient les services maritimes sur le Saint-Laurent et s’arrêtaient à Gaspé. L’industrie et le commerce se sont développés, ouvrant de nouveaux horizons aux entrepreneurs locaux qui rendraient service aux voyageurs épuisés qu’il fallait accommoder. On s’est donc mis à construire des hôtels.
Puis les touristes ont débarqué en grand nombre lorsque le chemin de fer Intercolonial fut achevé en 1876. Ce réseau ferroviaire longeait la Matapédia et traversait la section ouest de la péninsule. Les voyageurs pouvaient ainsi se rendre aux frontières de la Gaspésie.
La Gaspésie a dû se battre pour avoir des routes. Les maires et les députés ont harcelé le gouvernement pour qu’il en construise afin de relier les villages côtiers.
Dans les années 1920, les infrastructures du siècle précédent ne convenaient plus et devaient mieux répondre à l’augmentation de la circulation automobile naissante.
Ainsi, la Gaspésie a été l’une des premières régions du Québec à se doter d’un réseau routier moderne et à profiter de la popularité grandissante des escapades routières. De plus en plus de vacanciers, au volant de leur rutilante automobile neuve, ont entrepris de sillonner les routes de l’Amérique du Nord.
Celle de la péninsule gaspésienne ayant été terminée en quelques mois seulement, elle deviendra, dès 1929, la destination numéro un pour le tourisme québécois grâce à cette première génération de conducteurs hardis et enthousiastes. Il ne s’agissait pas simplement d’une route de vacances. La Gaspésie offrait beaucoup plus : une route longeant la côte et formant une boucle de 550 milles, bordée de paysages parmi les plus spectaculaires, au plus grand ravissement des conducteurs et de leurs passagers.
Construire le réseau routier a représenté de nombreux défis. Le littoral rocailleux et les collines escarpées offraient un paysage sauvage qui attirait les visiteurs dans la région, mais les constructeurs devaient trouver des solutions créatives pour rendre cette route nationale sécuritaire.
Après avoir achevé la route de la péninsule, il fallait en faire la promotion. Diverses instances se sont regroupées : agents gouvernementaux, concepteurs publicitaires et photographes dégourdis. Les intervenants ont travaillé avec les hôteliers et les restaurateurs, les premiers cherchant à louer leurs chambres, les seconds souhaitant remplir leurs tables.
« Away to the Gaspé » et « Allons faire le tour de la Gaspésie » sont alors devenus un appel populaire pour des générations de vacanciers.
(D’après une histoire d’Alexander Reford, directeur, Jardin de Mitis)