LA PASSION COMME MOTIVATION!


Par Pierre Perreault

Crédit photo: Benjamin Allain-Vaillant


Lorsqu’il a créé la troupe Ensemble – collectif théâtral LGBT en 2018, Jean-François Quesnel donnait suite à un goût pour les arts de la scène qui l’anime depuis son enfance, ayant grandi dans un environnement familial artistique. Aujourd’hui, avec trois productions à son actif, la troupe d’abord de type amateur s’est transformée en une entreprise personnelle destinée à produire du théâtre de niveau professionnel, avec Les productions Jean-François Quesnel.
Il définit cette troupe comme étant de profil queer+ et alliées, ayant pour mission de réunir des personnes issues des diversités qui sont passionnées de théâtre. « Nous misons sur l’ouverture du public : rallier les gens autour des différences, de la diversité », explique-t-il.
La plus récente production, avec la pièce Hosanna de Michel Tremblay, a fait passer la troupe à un niveau supérieur, grâce à la participation d’acteurs chevronnés et à une mise en scène que même son auteur a apprécié et salué, après avoir assisté à l’une des représentations à la Comédie de Montréal au printemps 2021.
« Au départ, je produisais et je jouais dans les pièces, et la mise en scène était effectuée par des professionnels. Pour Hosanna, j’ai fait le pari de réunir mes bonnes idées et ma motivation, pour mettre en scène ce chef d’œuvre théâtral créé pour la première fois en 1973 », affirme Jean-François Quesnel.
Il faut dire que la pandémie de COVID a eu un impact sérieux sur la production d’une pièce qui devait être présentée en 2021. Pour plusieurs raisons et après deux reports de dates, malgré le temps et l’énergie consacrée à préparer cette pièce à nombreux personnages, on a dû se résigner à abandonner le projet et passer à autre chose. C’est là qu’Hosanna est entrée dans le décor.

Jean-François Quesnel Hosanna

« C’est ma mère, l’artiste-peintre Dolores Desbiens, qui m’a amené vers cette pièce. Alors que j’étais allongé dans un hamac au bord de l’eau à Longueuil, au début de l’été 2021, réfléchissant à ce que je pourrais bien faire pour relancer la troupe, elle m’a suggéré de jouer du Tremblay. Il existe peu de théâtre à thématique LGBTQ+ ; cela devenait donc intéressant pour nous », précise Jean-François.
Hosanna touche les gens de la communauté, entre autres, en exposant une situation de relation de couple toxique qui survient encore aujourd’hui. Et la façon qu’a Tremblay de l’afficher et de la traiter, rend la chose encore plus attrayante pour les amateurs et les spectateurs. Une fois les droits d’auteur obtenus, on a invité Michel Tremblay à assister à la présentation. Ce qu’il a accepté d’emblée. « Dire que cela ne m’a pas causé un grand stress serait mentir. Mais de voir sa réaction sur le vif après la représentation, son émotion, son respect, c’était un cadeau impossible à qualifier tellement c’était un énorme soulagement, autant pour toute la troupe que pour moi. Cela a fait passer ce projet dans une autre dimension. M. Tremblay a démontré son soutien et son intérêt même après être venu assister », affirme l’homme de théâtre.


Tremblay Hosanna

Michel Tremblay et l'équipe 2021 d'Hosanna

Crédit- photo Martine Poulin


En réussissant à mettre à l’affiche le nom de Marc-André Leclair, la fameuse Tracy Trash du Cabaret Mado, jumelé à un acteur de talent pour le rôle de Cuirette, on pouvait s’attendre à un cocktail explosif. Ce fut un succès d’assistance pour les quelque huit représentations de l’automne dernier. La pièce partira en tournée, avec un nouvel acteur pour le rôle de Cuirette, Florent Deschênes, dans Lanaudière, à Val d’Or pour la Fierté, à Lévis et un retour à Montréal en août dans le cadre du Festival Fierté Montréal.
L’effet « Tremblay » se poursuivra en 2022-2023 alors que Jean-François Quesnel se prépare à monter et produire « La Duchesse de Langeais », avec Luc Arsenault dans le rôle principal. On doit s’attendre à une version recréée et revampée de la duchesse, loin de celle imposée par le regretté comédien Claude Gay qui l’avait incarnée dans le film d’André Brassard en 1974, « Il était une fois dans l’est ». Le projet entre actuellement dans son étape de création et de planification, avant que ne débutent les répétitions.
Qu’est-ce qui motive et passionne aussi Jean-François Quesnel ? Il s’est récemment transformé en directeur de casting pour deux productions cinématographiques québécoises. D’abord le film Drag de Sophie Dupuis, actuellement en fin de tournage, dans lequel Marc-André Leclair joue un rôle important. Plus de 200 personnes de la communauté LGBT ont été auditionnées pour cette production. Par la suite, il a agi à ce titre pour le film « Pour ceux qui errent seuls dans le noir », dont la production devrait débuter plus tard cette année.
C’est le hasard qui l’a amené au casting. « Sophie Dupuis, la réalisatrice de Drag, est venue voir Hosanna. Elle m’a ensuite écrit pour me parler de son projet qui débutait. Mon expérience en direction d’acteurs et en mise en scène a joué en ma faveur pour le recrutement des personnages identifiés pour participer à ce tournage. Comme professionnel passionné, structuré et bien organisé, je pouvais sans crainte m’engager dans cette nouvelle expérience », conclut Jean-François.
Travailler avec des acteurs qui vont pouvoir vivre les projets, pas seulement les jouer, toucher les gens avant tout, voilà ce qui constitue l’essence même de la motivation de la compagnie de Jean-François Quesnel. Le développement du rôle de directeur de casting pour le cinéma est également dans ses plans. Comme le nombre de tournages cinématographiques est constamment en hausse à Montréal, et que les producteurs souhaitent davantage travailler avec des ressources locales, il y a fort à parier que cela se concrétisera.

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