Un parcours singulier jusqu'en Acadie
Né Michel Seunes en 1932, Michel Conte aura été un artiste aux multiples talents tour à tour chorégraphe pour la télévision et la scène, auteur-compositeur-interprète et metteur en scène d'opéras, d'opérettes et de comédies musicales. Mais c'est comme auteur de la chanson Évangéline qu'il est passé à l'histoire au Québec et en Acadie.
Issu d'une famille paysanne. son talent est vite remarqué et il quitte sa Gascogne natale à treize ans pour étudier le piano et la composition au Conservatoire de Paris, puis la danse à Biarritz et il évolue ensuite en France dans le milieu du ballet classique. Au début de la vingtaine, il fréquente les salons parisiens où il côtoie Jean Cocteau et Charles Trenet qui lui prodigue ses encouragements. En 1955, il quitte la France après son service militaire et s'installe au Québec après avoir rencontré Raoul Jobin de la Maison du Québec à Paris.
Il débarque au Québec en octobre 1955 au moment où naissait la télévision à laquelle il imprimera sa marque en signant des chorégraphies innovantes, des ballets classiques présentés par Henri Bergeron à L’Heure du Concert aux fonds scéniques de l’émission de music-hall du dimanche. Il chorégraphie plusieurs ballets présentés à la télévision ou écrit de la musique qui sera utilisée par les grandes troupes de ballet canadiennes. Il mettra en scène plusieurs opéras, opérettes et comédies musicales, tant à la télévision que sur les planches. Le chorégraphe et danseur devient ainsi en quelques années une référence incontournable de la télévision canadienne en matière de danse et il influence directement le milieu en dehors de la télévision.
Mais c'est au cours des années 1960 qu'il entreprendra une carrière d’auteur-compositeur en composant des chansons pour Lucille Dumont, Monique Leyrac, Julie Harel, et Renée Claude pour qui il compose Shippagan qui met en scène l'exil acadien et qui deviendra un de ses grands succès. Et finalement, en 1971 il s'inspire du poème Evangeline, A Tale of Acadie de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow (1847), pour écrire Évangéline, cette chanson sur l’héroïne fictive des Acadiens, Évangéline et son bel amant Gabriel, lors du Grand dérangement qui sera interprété par Isabelle Pierre et qui deviendra pour elle aussi son plus grand succès.
C'est en 1980 que Michel Conte bien avant que ce soit à la mode. fait sa sortie et parle de sa bisexualité dans Nu... comme dans nuages, un récit autobiographique.
En 2001, la partition de Évangéline, écrite trente ans plus tôt reparait et est interprétée successivement par Marie-Jo Thério, Lyne Lapierre et, plus récemment, Marie Williams et Annie Blanchard ce qui lui donne une deuxième vie à la radio et à la télévision.
En octobre 2006, à l’âge vénérable de soixante-quatorze ans, il reçoit de la SOCAN une plaque rappelant la première position de cette chansons à divers palmarès au cours de l’année écoulée. Le 28 octobre, lors du Gala de l’ADISQ, sa chanson Évangéline gagne le prix de la chanson de l’année. À cette occasion, le vétéran Michel Conte s’est déclaré « ému de recevoir » un prix pour cette chanson écrite il y a quarante ans. », en poursuivant que c’était « un miracle et un cadeau. » En entrevue à la télévision à cette époque, il rappelle que lorsqu’il avait écrit la chanson Évangéline « les Québécois ignoraient l’existence de l’Acadie. « Je fus le premier à parler de l’Acadie, et ça on ne pourra me l’enlever. »
Évangéline, interprétée par Isabelle Pierre en 1971
Shippagan, interprétée par Renée Claude